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Là où le monde moderne a fait de l’individualisme et de la propriété privée des valeurs cardinales, nous appelons à l’entraide et à la création de communs gouvernés par leurs parties prenantes. Nous décidons de partager ressources et savoir-faire pour répondre à nos besoins et développer nos capacités d’agir.
Là où l’économie de marché a invisibilisé la valeur de l’autoproduction, des soins donnés aux proches, nous voulons répondre à tous les besoins sociaux en intégrant pleinement les logiques de réciprocité et de coopération, et en relativisant la place des calculs rationnels marchands.
Là où le monde moderne a institué l’anonymat et la perte de souveraineté, nous défendons les bénéfices et les compromis de la vie collective.
Nous ne vivons pas un retour en arrière, nous avançons en réinventant la vie communautaire qui a été celle de nos ancêtres pendant des siècles.
Nos collectifs ne proposent pas aux individus de s’oublier ou de se sacrifier pour un bien commun sacralisé. Ils cherchent à créer des organisations humaines fonctionnelles où le pouvoir est partagé.
Et où chacune et chacun garde la pleine souveraineté de son chemin de vie.
Il s’agit de reprendre le pouvoir sur sa vie en oeuvrant à son autonomie, en relocalisant l’essentiel, en redonnant du temps à la pensée, aux émotions, aux arts et en assumant les responsabilités qui vont avec.
Là où le monde moderne cultive les clivages et l’entre-soi, nous veillons à être des lieux ouverts sur l’extérieur, capables d’accueillir et de vivre la diversité.
Nous ne créons pas des îlots de survie bénéficiant aux seules personnes qui les ont créés.
Nous entendons répondre aux besoins des territoires dans lesquels nous nous inscrivons – meilleure gestion des ressources, soin de la terre et de la biodiversité, dynamisation économique et culturelle, rénovation du patrimoine…
Notre démarche est éminemment politique : nous agissons à l’échelle locale pour contribuer à remédier au désordre global. Car, entre les dérives des villes surpeuplées où prospère la misère sociale et humaine et les campagnes dépeuplées, notre conviction est qu’un autre modèle de société et d’aménagement de l’espace est nécessaire, qui doit tirer toutes les conséquences des erreurs du modèle dominant actuel.
Là où le monde moderne a cultivé l’excès, la surconsommation et la bétonisation massive, nous aspirons à une vie sobre qui réduit l’usage des ressources et la production de déchets.
Nos lieux de vie et d’activité entendent préserver la terre nourricière, utiliser des matériaux naturels et permettre des modes de vie peu consommateurs en eau et en énergie.
Nous n’opérons cependant pas de retour à la bougie. Nous pensons simplement qu’une sobriété choisie apporte au contraire une joie profonde, par la conscience, l’autonomie et le lien au vivant qu’elle permet.
Là où le monde moderne a créé la dépendance à un système agroalimentaire qui pille et détruit massivement le vivant, nous entendons honorer la terre nourricière en la considérant, en la cultivant et en en prenant soin.
Dans leurs différentes réalités, tous nos collectifs participent à l’amélioration des conditions écologiques, sociales et économiques de la production et de l’acheminement de leur nourriture.